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Beb and Breakfast
3 octobre 2013

Embrunman 2013

L’Embrunman…Ca fait des années, bien avant mes récents débuts dans le triathlon, que j’en entends parler au travers de personnes plus ou moins cyclistes/triathlètes accomplis. Un mythe autant attrayant qu’effrayant. En m’inscrivant fin 2012 au TOAC, j’étais loin de m’imaginer que je m’alignerai au départ de cette course dès ma 1ère saison. C’est après mon 1er half à Palavas, et après avoir entendu certains ascètes de vestiaire le démystifier que je me suis décidé à me lancer dans l’aventure. Il me restait alors 2 mois et demi pour augmenter mon volume d’entrainement et surtout allonger les séances. Je m’y suis assez bien appliqué car j’ai frôlé l’overdose avec comme point d’orgue une sortie dans les Pyrénées où je dus attendre, assis sur une pierre à mi-montée, que ce cher président redescende du sommet de Super-Bagnères, … Entre les quelques triathlons, cyclosportives et moult entrainements la dernière semaine arriva vite.

embrun

Logé idéalement à quelques pas du centre d’Embrun grâce à Marc et Arnaud, un soleil au beau fixe, les conditions étaient réunies pour réaliser le défi. Les 3 derniers jours permirent de reconnaitre le début du parcours et la dernière difficulté - la côte de Chalvet - de faire un peu de globules avec une petite rando entre 2200 et 2500 mètres d’altitude et de repérer le plan d’eau de la base de loisir.

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Et le jour J arriva. Après une pasta partie entre collègues et une nuit plutôt bonne, le réveil sonna à 3h45 du matin. Et hop ! Je saute dans ma tri-fonction, avale un 1/2 gâteau sport chocolat-banane, contrôle la caisse une dernière fois (les chaussures, le bandana, la puce, la pompe… C’est bon, tout est là) et file à la voiture. J’arrive suffisamment tôt à la base de loisir pour me garer facilement à côté du parc à vélo. Ce même vélo déposé la veille non sans problèmes à cause de la communication médiocre de l’organisation au sujet du port obligatoire du bracelet avant l’entrée dans le parc. Ce qui me valut un petit coup de stress et un aller-retour supplémentaire base de loisir – appartement, les pneus déjà dégonflés…

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Me voici donc dans le parc à vélo, les gens commencent à arriver. Certains font quelques derniers réglages, d’autres la queue aux toilettes histoire d’évacuer le stress. Je croise Pauline Damiens, la cousine de mon beau-frère. On discute 2 minutes, se souhaite bonne course et je ne sais pas pourquoi, je lui lance un "p’têt à t’à l’heure !" Et c’est à son regard ébahi que je me dis que j’aurai dû la fermer… Pour la petite histoire elle finira 88ième en 12h13…

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Voici mon siège, rangée 28, 3ième place à gauche, dossard 1132. Je prépare mon vélo. Michel souriant, passe me saluer et Bruno arrive. Comme prévu je lui offre généreusement la moitié de mon gatosport. Là, il m’avoue avoir oublié sa puce… "Non mais allo ! Tu fais Embrun, t’as pas de p’tit dej’ et t’as pas de puce ? Non mais allo quoi !" Heureusement le tracas sera vite réglé. Régis arrive. On échange 2-3 mots. Il semble serein. J’enfile rapidement ma combi de natation car il ne fait pas si chaud en cette fin de nuit. Trois quarts d’heure avant le départ, je suis prêt et je n’ai aucune envie d’aller m’échauffer dans les eaux noirâtres du lac. J’attends donc en plaisantant avec les voisins pour faire passer le temps. 15 minutes avant le départ on se rapproche de la zone de départ pour voir les 50 filles partir. Il est 5h50, elles se lancent dans l’eau sous un tonnerre d’applaudissements et de crépitements de flash. Allez courage Caro ! C’est à nous maintenant. On se rapproche du bord, je suis Bruno qui, en vieux briscard, se place à l’extérieur, histoire de ne pas se retrouver au milieu des "1500 carpes déchainées". 6h00, le signal retentit, c’est à nous. Je déclenche mon chrono…

 

Natation : Deux tours de 1,9 kilomètres marqués par 5 bouées, à faire sans sortie à l’Australienne.

Je trottine et me jette à l’eau. Je commence à nager. Mes lunettes sont mal ajustées. Je prends le temps de les remettre et ce coup-ci c’est parti. Ca ne nage pas vite et il n’y a pas de places pour passer, je prends mon mal en patience alternant brasse et crawl. Je cherche un espace dans cette marée humaine. La 1ère bouée arrive, c’est la cohue, je prends des bouffes et des coups de panards. Non sans mal j’arrive à la passer, je m’écarte bien à gauche juste après le virage et c’est enfin parti. J’évite des gars en brasse, en dos crawlé, en crabe… Quelques minutes folkloriques plus tard, on arrive à la 2ième et 3ième bouées qui marquent le retour. Et rebelote c’est de nouveau la baston pour les passer. Ensuite, c’est beaucoup plus facile, les espaces sont là, je peux poser ma nage. Les sensations reviennent, je suis zen, j’apprécie l’espace, la douceur de l’eau, les montagnes au soleil levant. Je maintiendrai l’allure jusqu’à la 5ième bouée et sur le 2ième tour. Le temps passe lentement mais surement. L’effort n’est pas violent mais constant. La balade est agréable et atemporelle. J’ai tout de même hâte d’en finir pour chevaucher ma monture. Je regarde mon chrono, il marque 1h17. Je sors de l’étang. Je suis dans les temps.

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Vélo : Avant toute chose je tiens à préciser que le dénivelé du parcours de vélo d’Embrun est bien de 3700 mètres et non de 5000… Bref, le circuit est composé de grosso-modo deux boucles, une de 40 kilomètres autour du lac de Serre-Ponçon, une autre de 130 kilomètres incluant l’Izoard et la redoutable montée de Pallon, pour finir sur la petite côte de Chalvet, dite de la bête, le tout formant un parcours de 188 kilomètres.

Je trottine jusqu’à mon vélo. Marc et Bruno se changent, Régis est déjà parti. J’ai décidé de faire le parcours en tri-fonction, ma transition est donc assez rapide. Je laisse Bruno dans le parc qui cherche son bandana. "Non mais allo quoi !" Ca grimpe directement. Ma tactique est simple, en garder sous la pédale dans les montées, tourner autour de 90 tours minutes sur les parties plus planes et rester le plus possible sur le prolongateur. Je double, on me double, je redouble…. Une envie pressante m’oblige à m’arrêter au bout de 20 kilomètres. C’est fou ce qu’on peut pisser après 3,8 kilomètres de natation. Il y a du monde sur la route, un pipi et tu perds 50 places. La vue sur le lac est magnifique. Les kilomètres s’enchainent bien. Parfois je lève le pied par crainte de regretter les efforts de début de course. A l’intersection de Baratier, les supporters sont là. Ça fait plaisir de les voir. La remontée vers Guillestre passe vite. Je rattrape Régis juste avant. Il semble bien, je lui dis que moi aussi. Il me donne mon bon de sorti, je lui promets d’y aller mollo. Un échange de bidon à un ravitaillement et cap sur la vallée du Guil.

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Je prends garde à bien m’alimenter et me force à manger ce qui était prévu. Il ne fait pas très chaud dans cette partie ombragée, mais c’est supportable. Les kilomètres défilent. Déjà 82 d’avalés, le tracé tourne à gauche, on attaque l’Izoard. Je connais la montée, je l’ai déjà faite 2 fois par le passé et une fois en voiture 2 jours auparavant. Au ravito d’Arvieux une bénévole me lance un "banane ?". Je lui réponds "toi-même". Son rire me confirme qu’elle a compris ma blague. Rassuré je m’élance sur Brunissard, les jambes tournent bien dans les fortes pentes. Suivent les lacets dans la forêt, la pente est plus douce, j’accélère. Je m’éclate. Je rattrape un bon nombre de cyclistes. Au bout d’une ligne droite, point un maillot rose/bleu qui m’est familier. C’est Caro, accompagné de Mr. Picard. Je les rattrape rapidement, Caro a mal au ventre. Nico m’accompagne jusqu’à la casse déserte. Sympa de taper le bout de gras avec un copain d’entrainement. Le sommet est proche, je ne ressens pas l’altitude. La balade de l’avant-veille y est surement pour quelque chose.

 

Au sommet, je récupère ma musette qui m’attendait sagement. J’ai du mal à manger mon sandwich pain complet, jambon, fromage de chèvre. J’en ai deux. Je n’en mangerai qu’un demi. Je refais le plein de barres céréales, de gels et de bidons. Je croise Caro à la recherche de toilettes. Marc est là aussi, on entame la descente ensemble. Dans un virage, un concurrent fait une sortie de route juste devant nous. Il parvient à éviter la chute de justesse. Je fais la descente, Marc a disparu. Je le reverrai sûrement, au moins sur le marathon, me dis-je. Les longues lignes droites sont propices à l’utilisation du prolongateur. Encore une fois, c’est un régal. Arrivé dans Briançon, il fait déjà plus chaud. Un automobiliste pressé coupe presque la route au groupe de cyclistes devant moi. Le pauvre bénévole placé du ma__20706buvais côté du rond-point en prends pour son grade. La côte des Vigneaux passe bien. Un concurrent se glisse à ma hauteur pour me parler de la terrible côte de Pallon. Il la connait bien, c’est son 7ième Embrunman. Et c’est vrai qu’elle n’est pas facile, 2 bornes rectilignes à 11%. Même tout à gauche, c’est dur et les cuisses commencent à couiner. Normal à ce niveau de la course, on a déjà 150 kilomètres dans les jambes. En haut le vent souffle de face, j’ai du mal à me reprendre. On est à 40 kilomètres de l’arrivée. Et je me fais la réflexion que si je continue à la même allure que jusqu’ici, je pose le vélo en moins de 7h30. Ça me donne du baume au cœur mais pas vraiment aux cuisses. Je pioche, un coup en danseuse, un coup assis sur la selle. A ce moment de la course beaucoup ont le masque de l’effort. Ça ne me rassure pas tant que ça. Enfin la route redescend sur Saint-Clément. Un nouvel échange de bidon au ravito me permet de refaire mon stock de liquide. Je connais désormais le chemin, on l’a fait à l’aller. Il fait chaud, j’avance moins vite. Ca me parait interminable. Nous sommes désormais deux à nous passer régulièrement l’un devant l’autre. Mais le "drafting" étant interdit, nous ne pouvons pas vraiment en profiter. Puis on arrive enfin à Embrun. Deux, trois virages et c’est l’attaque de Chalvet. Les supporters sont à nouveau là, Elsa, Christophe. Ce dernier fera quelque foulée pour m’accompagner. Au bout de deux kilomètres, une fusée cadencée à 120 rpm me double. "Est-ce Froome ? Ah non, c’est Dudon !". Il semble poursuivi par un animal sauvage. Il m’est impossible de le suivre. Il basculera avec 200 mètres d’avance en haut de Chalvet. La descente se fera tranquillement à cause de mes crampes au pieds qui me reprennent et qui sont de plus en plus violentes, m’interdisant de prendre appui sur les pédales. Et ce n’est pas mécontent que j’envisage le retour dans le parc à vélo. Je regarde mon temps 7h46. Pas mal, dommage d’avoir faibli dans les quarante derniers kilomètres. Ma chaise est là, mon immense fan club, composé uniquement d’Elsa, aussi. Je n’y prête pas trop attention car je me sens un peu étourdi. Un kiné vient me proposer ses services. Pendant qu’il tente d’assouplir mes muscles, je recharge ma cartouchière. Je reste 5 – 6 bonnes minutes assis à me reposer. Un autre bénévole armé d’un tube de crème solaire s’attaque à mon dos déjà marqué par le soleil. Il ne reste plus qu’à courir le marathon, il est 15h20.

 

Marathon : Deux boucles de 21,1 kilomètres autour de la base de loisir et d’Embrun avec deux belles montées à escalader.

Dans les premiers mètres les jambes ont du mal à tourner. J’essaye de me caler sur un rythme de 10,5 km/h histoire que l’aventure ne dure pas plus de 4 heures. Au bord du lac, je passe devant le fan club. Elsa, les Picard, les mini-Hiebel se sont installés__30611b là. Et je croise Zamora, futur quadruple vainqueur de l’épreuve. Il a 36 kilomètres d’avance, je ne gagnerai pas… Puis c’est la 1ère montée sur Embrun. Je m’accroche, je veux courir entièrement le marathon sans marcher. C’est le défi que je me suis imposé sur cette épreuve. Le passage dans Embrun est sympa, les gens ne sont pas avares d’encouragements. Parfois j’entends mon nom sans voir de visages. Sensation un peu frustrante.

Je prends garde à bien boire et à m’alimenter tous les 3 kilomètres. Je mange ce que je trouve, quartiers d’oranges, morceaux de bananes, tranche de pain d’épices en complément des gels embarqués. Les stands d’épongeage sont nombreux. C’est un des rares moments de plaisir que de s’écraser une énorme éponge gorgée d’eau sur la tête. L’eau ruisselle refroidissant la chaudière surchauffée par la longueur de l’effort et du soleil d’août. La température flirte maintenant avec les 35 degrés. Puis le parcours redescend au bord de la Durance. Je regarde ma montre, je tourne à 9km/h et j’ai du mal à aller plus vite. Le marathon durera plus de 4 heures ! La deuxième montée en direction de Baratier est plus douce que la première. Je la passe aussi en courant. Beaucoup de gens marchent. Même si les jambes ne sont pas là pour flinguer, je sens que je le tiens cet Embrunman. A nouveau une descente vers la Durance et on rejoint la digue de la base de loisir. Je passe de nouveau devant le fan club totalement déchainé. Ils sont en forme et motivés les bougres. Le tour du lac terminé, on contourne de nouveau le parc à vélo. Puis c’est la ligne d’arrivée. Pas pour moi car il me reste un tour. Mais certains balaises sont en train de la passer. J’aimerai être à leur place. J’attrape le chouchou et c’est reparti pour un tour. Il sera en dent de scie, parfois interminable, parfois plus aisé, ponctué de discussions avec certains concurrents en manque de sociabilité. Juste avant de repasser devant le fan club je croiserai Régis en train d’en finir avec son premier tour. Un geste de la main et on continue. Elsa me rejoindra en vélo. On fera quelques kilomètres ensemble mais par peur de me disqualifier pour "accompagnement", elle me quittera au kilomètre 28. Et arrive le kilomètre 34. Celui-là même où lassé par l’exercice, je réussis à accélérer pour porter mon allure à 10 – 11 km/h et à ne jamais plus la lâcher. Le dernier tour du lac et du parc à vélo se fera au rupteur en serrant les dents histoire de grappiller quelques places. Le speaker annonce mon nom et mon temps . Je suis 427ième. J’arrête mon chrono.

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Bilan de la course : 13h51m44s

  • Natation : 1h19m25s (987ième temps)

  • Vélo : 7h46m18s (508ième temps)

  • Course à pied : 4h29m51s (338ième temps)

Je suis content d’en finir mais comme d’habitude un sentiment mitigé s’installe en moi. Je regrette d’avoir un peu craqué sur le vélo et de ne pas avoir pu courir plus vite. Avec le recul je relativiserai rapidement. Pour un premier Iron Man, la performance est plutôt pas mal. De retour à ma chaise, j’ai du mal à m’installer. Les genoux et les muscles sont douloureux. Je me demande où en sont les autres. Au bout de 5 minutes, je me relève et marche cahin-caha vers le stand de massage. La kiné, le sandwich jambon fromage et une courte baignade dans le lac me remettront rapidement sur pied. Le temps de sortir les affaires du parc à vélo, je verrai passer au loin Bruno, puis Michel. La fatigue arrivant, je n’aurai pas la force d’attendre Caro. Arrivé à l’appartement, j’irai directement au lit et m’endormirai rapidement. C’était une bonne journée.

J’ai bien rigolé en regardant mes mails quelques jours plus tard en me rendant compte que ça "tweetait" sur nos temps de passage. Ça fait plaisir de voir que ton effort ne passe pas inaperçu. Et merci à tous pour vos encouragements et félicitations. Maintenant il ne me reste plus qu’à se préparer pour être fin prêt pour Saint-Jean-de-Luz car je sens que les récents "Iron Men et Women" vont être attendus au tournant. D’ailleurs, quel plaisir de reprendre l’entrainement après une telle épreuve. On a l’impression d’avoir des ailes dans le dos. Certains disent qu’il faudrait couper pendant un bon mois voire plus. Mais quel dommage de se priver de telles sensations…

 

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